MELAUDIA en Karélie - récit et commentaires par YvesA

Bon,
On part pour chez les Belges, en ce samedi 4 juin 2005.

Chez Karel

Il est 6h20 et la bétaillère se range à coté de moi ; dedans je retrouve les 5 autres veaux... c'est le printemps et le temps des transhumances, Raoul n'est pas en retard : j'y crois pas !

On m'avait un peu parlé du système de Karoluske (le petit Charles dans leur idiome local). Quand on arrive, nous nous retrouvons après avoir erré à la recherche de Gooik (Gooik... !!!), devant un vrai couple de flamands, on mange, on boit du café, à cette heure là...

Un rapide coup d'œil pour jauger les forces en présence, ça augure assez mal : un entassement de pavillons coincé entre 2 fenêtres et le mur du fond, dessous des "machins" pompeusement estampillés de Klipsch home made !!
Moi, je donne ma ration de foin si tout ça peut marcher de concert ; en plus l'ignare, amplifie tout ce petit monde hétéroclite avec un 300B de chez Benny, vous savez l'excité anversois qui se marre tout le temps... des 46 cm tu penses que ça va traîner !

Pour couronner le tout, il y a un tuner pleins de boutons et sérigraphié à la Marantz... pfff... un Dumortier (ah ? c'est pas une blague belge, il a vraiment existé ce Dugommier ??)

Le taulier sort un CééééDéééé, comme il dit, Jordi Savall et sa petite famille, madame etc. Je vois Raoul qui esquisse son sourire de chat du Cheshire : des Goyim euh, pardon des Keublan, qui parlent à peine l'anglais.
Mais tudieu qu'est ce que ça marche bien : des voix impeccables des petites cloches cristallines des cordes tout juste pincées comme il faut, s'en suit une série de disques de démo genre Stakkato, même des trucs totalement éculés comme la toccata et fugue du teuton et les petits Schubert de derrière les fagotts me tirent quelques sanglots longs.
Le grave hyper rapide profond varié, léger ; pas mal du tout le pavillon replié et l'escargot qui est devant... qui n'est pas un WE66 puisque ça n'a jamais existé...
Tout ça nous avoue Karel, représente des années de boulot à la râpe et la scie sauteuse.

Suit l'inaltérable CD de Raoul sur lequel il y a pas mal d'horreur du style guimauve dégoulinante et free jazz, comme ils doivent mettre à Guantanamo pour faire renier l'infidèle.
Jamais entendu tout ça comme ça : presque émouvant aussi, c'est dire !
On entend plein de trucs, même à des niveaux invraisemblables ça n'est pas agressif ni déformé géométriquement !!!
Chapeau chapeau !!! comme ils disent dans R(ené)abbi Jacob.

Mes trucs à moi sont au moins aussi biens que chez Marcel®, c'est étonnant : un vrai piano avec Serkin qui se gratte le nez derrière, de vrais applaudissements, un vrai coup de faux fusil avant le démarrage des chœurs du Freishütz, lesdits chœurs parfaitement en place, puissants pas aigrelets dans l'aigu comme souvent. Une contrebasse qui sonne comme en vrai avec la colophane et les cordes et tout.
La vache, maman !!! Au secours ! comment ça est possible une fois : il faudrait les brûler ces flamands... ils ont fait un pacte avec le Diable.

Ouaaaahhh. C'est décidé je me relance dans le bricolage, tout ce fourbi, je me demande même si c'est pas mieux que les Goto tactés.
Ce tas de bois est vivant, ma parole !

Chez Bbill

Survient Bbill qui nous emmène manger sous la pluie, tiens il pleut aussi en Belgique ?
Puis on va écouter son système à lui.
Ahhh... on voit qu'on est de retour chez les gens "normaux" et élégants, enfin sauf qu'il collectionne les Garrard 301 grease, pas grease, j'y connais rien. Elles sont vraiment chouettes ces platines.
Il faut reconnaître que c'est plus joli que l'iPod, surtout la SPU sur son bras Ortofon. Les enceintes utilisées sont WAF approved, je pense, très élégantes, me souvient pas du nom (Dunlavy  ??) ; préampli Classé et ampli Krell hénorme. Le résultat est sympa, moins dynamique et précis que chez le " dingo " de tout à l'heure mais très agréable.
En plus on a commencé à taster le breuvage local kimouss : ça nous rend torpeureux (torpeureux... pour être honnêtes). Le bougre il habite une baraque chouette, almost home sweet home.
On reprend la bétaillère et sous la férule de Bbill on va chez des écossais.

Chez Hugues

Là, j'ai rien compris : pour moi le belge il parle une fois le français. Mais en fait à peine... comme une langue morte quoi !!
Il y en a qui parlent lollandé, des autres c'est lallemenand et vla langlé, et puis encore je ne saurais plus dire, le flamand. J'ai compris pourquoi le parlement européen était chez eux : ils sont polyglottes de naissance, de vrais citoyens du monde !

D'ailleurs pour aller chez les anglais il fallait prendre une rue qui s'appelle le RING. Ils sont impayables ces belges !
Enfin tout ça pour dire que la chaîne full Linn (dont le préampli tout riquiqui avec une alim à découpage faisait des prouesses pour maîtriser les gigotements de la platine LP12 full options (lingo, twingo, ... bingo !) posée sur un meuble provisoire.

Là, il n'y avait pas de tuners pleins de boutons, tous les boutons qui n'avaient pas pu tenir sur la télécommande, eh ben, ils avaient sauté sur le benjamin des odiofil anglophones qui avait une épouvantable varicelle (j'espère qu'il s'est remis de notre visite, parce qu'une bande de veaux francophones comme ça, il doit pas en voir souvent...)
On discute boutique, échange de souvenirs d'anciens combattants du Jazz (je hais cette musique).

Intermède

Je jetterai un voile pudique sur la soirée dans laquelle l'âme perdue de Cristobal nous a entraînés :
Ultieme Halluciatie et Duvel duvel duvel... duvel Chimay ROSE AVEC DES POIS VERTS... si, si et puis concours de ronflements à plus de 115 dB...

Si vous êtes un jour abordés au bar d'un hôtel de Bruxelles par un type étrange qui vous recommande de goûter le vin belge (un oxymore), puis vous propose une visite guidée de la ville : fuyez !! fuyez avant qu'il ne soit trop tard !!!

La vache le lendemain, il y en avait plus d'un qui avait perdu tout esprit et récupéré le faciès de Kinski jouant Nosferatu ...

'tain encore 2 écoutes à faire et 2 heures dans la bétaillère, 'reusement c'est Raoul qui conduit et pas Franck. Complètement out il est, le Franck, vas le dire à sa femme, moi. Raoul conduit extrêmement vite, (enfin pour moi qui ne m'aventure jamais au delà de 110), mais avec une totale nonchalance ; alors que Franck se prend pour un pilote de grand prix et à l'arrière on a droit à un tangage tridimensionnel à faire gerber toute la famille Tabarly.

Chez Mous

Alors, quand on arrive enfin à Ouazem, un quartier de Lille, je dis Ouazem parce que ce bled, c'est le cauchemar du frontiste, eh ben, on n'est pas très frais.
Nous sommes accueillis par Moustapha et JSK pour une écoute très chouette dans une pièce euhhh... pas très rangée ni très aspirée ; mais l'ambiance est super chaleureuse.
Le système marche du tonnerre, même si la pièce, un peu petite, avoue ses limites dans le grave pour un système aussi conséquent. C'est super vivant, assez bien défini, enfin chouette quoi, malgré le filtre actif à 2 balles. Moi je pars à regrets, dommage que je ne puisse pas embarquer les 15 cellules Philips.

Chez Bebege

Juste le temps de s'enfiler un couscous, qui a l'air d'être LA spécialité locale à Ouazem. Et on se dirige vers chez Bebege.
On arrive dans un quartier qu'on dirait que c'est chez Mary Poppins, dis donc !!
Des allées propres, plantées d'arbres tous droits, et bien peignés, avec des belles autos bien rangées...
Ça fait un vache de contraste avec Ouazem un jour de marché, là... moi je dis...

La porte d'entrée s'ouvre toute seule un peu comme dans un film d'épouvante ... personne !!
Je commence à flipper sec, surtout que les bières d'hier, le rosé et le couscous, ça fait beaucoup pour mon estomac de " végétarien macrobiotique ".

On entre, on voit au fond de la pièce des "petits machins" noirauds, voilà ce que c'est de rêver devant des photos.
Ces Everest elles sont beaucoup moins bandantes en vrai que dans les magazines de charme pour Odiofil...

Et là, Bebege : Naaaannn.... j'déconne elles sont dans l'autre pièce. Ah bon ???
Il a deux pièces avec 2 chaînes... c'est aussi inconcevable que la polygamie ce truc là !!

C'est la caverne d'Ali Baba. Chez Bebege des cellules comme s'il en pleuvait, un lecteur de CD à vous aveugler telle méduse en personne, la paire d'Everest qui louchent comme il faut, le mange-disque Thorens mâtiné Shiva et des Tacts full modif-by-Dan-Bellity-him-self, plus une clock et Shunyata ou Stereovox à tous les étages.
Ça marche bien. Le tour de passe-passe des Everest dont on entend celle de gauche quand on est à droite et réciproquement c'est totalement épatant. Étonnant aussi de voir ce qu'on peut tirer d'une paire de 2425 bien mises en œuvre.
Ce qui est un peu rageant c'est de savoir que l'acoustique de la pièce limite les résultats de l'ensemble sévèrement. Et ce qui est étrange, c'est qu'il me semble que le raccordement du 38 et de la compression n'est pas optimal.
L'assemblage de maillons aussi performants, ça devrait permettre d'obtenir un résultat quasi parfait, et là il y a comme un petit truc qui cloche dans le haut grave.
Au vu de comment qu'il est, le Bebege, il va en venir à bout de ce petit soucis (je me dis, peut-être à tord que l'étude poussée du filtre des Everest, qui a l'air d'être très complexe devrait donner la clef de la correction du grave).

En tout état de cause, c'est une de mes toutes meilleures écoutes en vinyle.
Les Koetsu et le bras Schroder c'est quand même quelque chose, beau doux mais défini et impérial...magnifique.
Et puis il y a aussi la Roku, vraiment très étonnant et pratique comme tout, ce saucisson high-tech, avec une dynamique en béton.
On a eu le droit au disque de Flamenco que Steph passe pour épater la galerie, à ce qu'il paraît, On entend des bruits de talons sur l'estrade comme en vrai, mais plus fort.

Épilogue

Bon voilà c'est l'heure de rentrer au bercail. Ça a passé super vite ce week-end. On a rencontré des tas de gens sympas écouté pleins de systèmes différents qui collent à la personnalité de leurs proprios ; c'est varié ça fait du bien, cons de parisiens !!

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